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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/384

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qui pût et voulût marcher avec lui. Il eut beau chercher ; tous les partis, une fois siégeant dans Westminster, voulaient lui arracher le pouvoir qu’il exerçait, et dominer à leur tour. Je ne dis pas que son intérêt, sa passion personnelle, ne fût pas sa première pensée. Il n’en est pas moins certain que, s’il avait abandonné le pouvoir, il eût été obligé de le reprendre le lendemain. Puritains ou royalistes, républicains ou officiers, nul autre que Cromwell n’était alors en état de gouverner avec quelque ordre et quelque justice. L’épreuve avait été faite. Il y avait impossibilité à laisser les parlements, c’est-à-dire les partis siégeant en parlement, prendre l’empire qu’ils ne pouvaient garder. Telle était donc la situation de Cromwell : il gouvernait dans un système qu’il savait très bien n’être pas celui du pays ; il exerçait un pouvoir reconnu nécessaire, mais qui n’était accepté de personne. Aucun parti n’a regardé sa domination comme un gouvernement définitif. Les royalistes, les presbytériens, les républicains, l’armée elle-même, le parti qui semblait le plus dévoué à Cromwell, tous étaient convaincus que c’était un maître transitoire. Au fond il n’a jamais régné sur les esprits ; il n’a jamais été qu’un pis-aller, une nécessité de moment. Le Protecteur, le maître absolu de l’Angleterre a été toute sa vie obligé de faire des tours de force pour retenir le pouvoir ; aucun parti ne pouvait gouverner comme lui, mais aucun ne voulait de lui : il fut constamment attaqué par tous à la fois.

À sa mort, les républicains seuls étaient en mesure de porter la main sur le pouvoir ; ils le firent, et ne réussirent pas mieux qu’ils n’avaient déjà fait. Ce ne