Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/385

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fut pas faute de confiance, du moins dans les fanatiques du parti. Une brochure de Milton, publiée à cette époque, et pleine de talent et de verve, est intitulée : Un aisé et prompt moyen d’établir la république. Vous voyez quel était l’aveuglement de ces hommes. Ils retombèrent bientôt dans cette impossibilité de gouverner qu’ils avaient déjà subie. Monk prit la conduite de l’événement qu’attendait toute l’Angleterre. La restauration s’accomplit.

La restauration des Stuart a été en Angleterre un événement très-national. Elle se présentait à la fois avec les mérites d’un gouvernement ancien, d’un gouvernement qui repose sur les traditions, sur les souvenirs du pays, et les avantages d’un gouvernement nouveau, dont on n’a pas fait la récente épreuve, dont on n’a pas subi naguère les fautes et le poids. L’ancienne monarchie était le seul système de gouvernement qui depuis vingt ans n’eût pas été décrié par son incapacité et son mauvais succès dans l’administration du pays. Ces deux causes rendirent la restauration populaire ; elle n’eut contre elle que la queue des partis violents ; le public s’y rallia très-sincèrement. C’était dans l’opinion du pays la seule chance, le seul moyen de gouvernement légal, c’est-à-dire de ce que le pays désirait avec le plus d’ardeur. Ce fut là aussi ce que promit la restauration, ce fut sous l’aspect de gouvernement légal qu’elle eut soin de se présenter.

Le premier parti royaliste qui prit, au retour de Charles II, le maniement des affaires, fut en effet le parti légal, représenté par son plus habile chef, le grand chancelier Clarendon. Vous savez que, de