Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/386

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1660 à 1667, Clarendon fut premier ministre, et la véritable influence dominante en Angleterre. Clarendon et ses amis reparurent avec leur ancien système, la souveraineté absolue du roi, contenue dans les limites légales, réprimée, soit par les chambres en matière d’impôts, soit par les tribunaux en matière de droits privés, de libertés individuelles ; mais possédant, en fait de gouvernement proprement dit, une indépendance presque entière, et la prépondérance la plus décisive, à l’exclusion ou même contre le vœu de la majorité des chambres, et notamment de la chambre des communes ; du reste assez de respect de l’ordre légal, assez de sollicitude des intérêts du pays, un sentiment assez noble de sa dignité, une couleur morale assez grave et honorable ; tel est le caractère de l’administration de Clarendon pendant sept années. Mais les idées fondamentales sur lesquelles cette administration reposait, la souveraineté absolue du roi, et le gouvernement placé hors de l’influence prépondérante des chambres, ces idées, dis-je, étaient vieilles, impuissantes. Malgré la réaction des premiers moments de la restauration, vingt ans de domination parlementaire contre la royauté les avaient ruinées sans retour. Bientôt éclata dans le sein du parti royaliste un nouvel élément, des esprits libres, des roués, de mauvais sujets, qui participaient aux idées du temps, comprenaient que la force était dans les communes, et se souciant assez peu de l’ordre légal ou de la souveraineté absolue du roi, ne s’inquiétaient que du succès et le cherchaient partout où ils entrevoyaient quelque moyen d’influence