Aller au contenu

Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/388

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

quoiqu’il fît au pays beaucoup plus de mal, le pays s’en accommodait mieux.

Il arriva cependant un moment on la corruption, la servilité, le mépris des droits et de l’honneur public furent poussés à un tel point qu’on cessa de s’y résigner. Il y eut un soulèvement général contre le gouvernement des roués. Il s’était formé dans le sein de la chambre des communes un parti national, patriotique. Le roi se décida à appeler ses chefs dans le conseil. Alors arrivèrent aux affaires lord Essex, le fils de celui qui avait commandé les premières armées parlementaires pendant la guerre civile, lord Russel, et un homme qui, sans avoir aucune de leurs vertus, leur était très supérieur en habileté politique, lord Shaftesbury. Ainsi porté aux affaires, le parti national s’y montra incapable ; il ne sut pas s’emparer de la force morale du pays ; il ne sut pas ménager les intérêts, les habitudes, les préjugés ni du roi, ni de la cour, ni de tous les gens à qui il avait affaire. Il ne donna à personne, ni au peuple ni au roi, une grande idée de son habileté, de son énergie. Après être resté assez peu de temps en pouvoir, il échoua. Les vertus de ses chefs, leur généreux courage, la beauté de leur mort, les ont relevés dans l’histoire, et les ont justement placés au plus haut rang ; mais leur capacité politique ne répondait point à leur vertu, et ils ne surent pas exercer le pouvoir qui n’avait pu les corrompre, ni faire triompher la cause pour laquelle ils surent mourir.

Cette tentative échouée, vous voyez où en était la restauration anglaise ; elle avait en quelque sorte, comme la révolution, essayé de tous les partis, de