Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

épars : il faut chercher, tantôt en France, tantôt en Angleterre, tantôt en Allemagne, tantôt en Espagne, les éléments de son histoire.

Nous sommes bien placés pour nous adonner à cette recherche et étudier la civilisation européenne. Il ne faut flatter personne, pas même son pays ; cependant je crois qu’on peut dire sans flatterie que la France a été le centre, le foyer de la civilisation de l’Europe. Il serait excessif de prétendre qu’elle ait marché toujours, dans toutes les directions, à la tête des nations. Elle a été devancée, à diverses époques, dans les arts, par l’Italie ; sous le point de vue des institutions politiques, par l’Angleterre. Peut-être, sous d’autres points de vue, à certains moments, trouverait-on d’autres pays de l’Europe qui lui ont été supérieurs ; mais il est impossible de méconnaître que, toutes les fois que la France s’est vue devancée dans la carrière de la civilisation, elle a repris une nouvelle vigueur, s’est élancée et s’est retrouvée bientôt au niveau ou en avant de tous. Non-seulement il lui est arrivé ainsi ; mais les idées, les institutions civilisantes, si je puis ainsi parler, qui ont pris naissance dans d’autres territoires, quand elles ont voulu se transplanter, devenir fécondes et générales, agir au profit commun de la civilisation européenne, on les a vues, en quelque sorte, obligées de subir en France une nouvelle préparation ; et c’est de la France, comme d’une seconde patrie, plus féconde, plus riche, qu’elles se sont élancées à la conquête de l’Europe. Il n’est presque aucune grande idée, aucun grand principe de civilisation qui, pour se répandre partout, n’ait passé d’abord par la France.