Aller au contenu

Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/395

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et se fortifier presque en même temps. La révolution du dix-septième siècle éclate ; elle est à la fois religieuse et politique. L’aristocratie féodale n’y paraît que fort affaiblie et avec tous les symptômes de la décadence : cependant elle est encore en état d’y conserver une place, d’y jouer un rôle important et de se faire sa part dans les résultats. Il en est de même dans tout le cours de l’histoire d’Angleterre ; jamais aucun élément ancien ne périt complètement, jamais aucun élément nouveau ne triomphe tout-à-fait ; jamais aucun principe spécial ne s’empare d’une domination exclusive. Il y a toujours développement simultané des différentes forces, transaction entre leurs prétentions et leurs intérêts.

Sur le continent la marche de la civilisation a été beaucoup moins complexe et moins complète. Les divers éléments de la société, l’ordre religieux, l’ordre civil, la monarchie, l’aristocratie, la démocratie, se sont développés non pas ensemble et de front, mais successivement. Chaque principe, chaque système a eu en quelque sorte son tour. Il y a tel siècle qui appartient, je ne voudrais pas dire exclusivement, ce serait trop, mais avec une prédominance très-marquée, à l’aristocratie féodale, par exemple ; tel autre au principe monarchique, tel autre au principe démocratique. Comparez le moyen-âge français avec le moyen-âge anglais, les onzième, douzième et treizième siècles de notre histoire, avec les siècles correspondants au-delà de la Manche ; vous trouverez en France à cette époque la féodalité presque absolument souveraine, la royauté et le principe démocratique à peu près nuls. Allez en Angleterre, c’est bien