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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/400

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française au dix-huitième siècle. Vous avez vu comment la France philosophique avait eu, en fait de liberté, plus d’autorité sur l’Europe que l’Angleterre libre. Vous avez vu comment la civilisation française s’était montrée beaucoup plus active, beaucoup plus contagieuse que celle de tout autre pays. Je n’ai donc nul besoin de m’arrêter sur les détails du fait ; je ne m’en prévaux que pour y puiser le droit de renfermer en France le tableau de la civilisation européenne moderne. Il y a eu sans doute, entre la civilisation française à cette époque et celle des autres États de l’Europe, des différences dont il faudrait tenir grand compte, si j’avais aujourd’hui la prétention d’en exposer vraiment l’histoire ; mais je vais si vite que je suis obligé d’omettre, pour ainsi dire, des peuples et des siècles. J’aime mieux concentrer un moment votre attention sur le cours de la civilisation française, image imparfaite, et pourtant image du cours général des choses en Europe.

L’influence de la France en Europe se présente dans les dix-septième et dix-huitième siècles, sous des aspects très différents. Dans le premier, c’est le gouvernement français qui agit sur l’Europe, qui marche à la tête de la civilisation générale. Dans le second, ce n’est plus au gouvernement français, c’est à la société française, à la France elle-même qu’appartient la prépondérance. C’est d’abord Louis XIV et sa cour, ensuite la France et son opinion qui gouvernent les esprits, qui attirent les regards. Il y a eu, dans le dix-septième siècle, des peuples qui, comme peuples, ont paru plus avant sur la scène, ont pris plus de part aux événements que le peuple français.