Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/401

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Ainsi, pendant la guerre de trente ans, la nation allemande, dans la révolution d’Angleterre, le peuple anglais, ont joué dans leur propre destinée un bien plus grand rôle que les Français ne jouaient à cette époque dans la leur. Au dix-huitième siècle pareillement, il y a eu des gouvernements plus forts, plus considérés, plus redoutés que le gouvernement français. Nul doute que Frédéric II, Catherine II, Marie-Thérèse, n’eussent en Europe plus d’activité et de poids que Louis XV. Cependant, aux deux époques, c’est la France qui est la tête de la civilisation européenne, d’abord par son gouvernement, ensuite par elle-même ; tantôt par l’action politique de ses maîtres, tantôt par son propre développement intellectuel.

Pour bien comprendre l’influence dominante dans le cours de la civilisation en France, et par conséquent en Europe, il faut donc étudier, au dix-septième siècle, le gouvernement français ; au dix huitième, la société française. Il faut changer de terrain et de spectacle à mesure que le temps change la scène et les acteurs.

Quand on s’occupe du gouvernement de Louis XIV, quand on essaie d’apprécier les causes de sa puissance, de son influence en Europe, on ne parle guère que de son éclat, de ses conquêtes, de sa magnificence, de la gloire littéraire du temps. C’est aux causes extérieures qu’on s’adresse et qu’on attribue la prépondérance européenne du gouvernement français.

Cette prépondérance a eu, je crois, des bases plus profondes, des motifs plus sérieux. Il ne faut pas