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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/403

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comme au dehors. Il n’y a jamais eu de politique plus misérable, plus méprisée en Europe, plus impuissante en France que celle du cardinal Mazarin. En un mot, la société était dans un état moins violent peut-être, mais cependant assez analogue au nôtre avant le 18 brumaire. C’est de cet état que le gouvernement de Louis XIV a tiré la France. Ses premières victoires ont fait l’effet de la victoire de Marengo : elles ont assuré le territoire et relevé l’honneur national. Je vais considérer ce gouvernement sous ses principaux aspects, dans ses guerres, dans ses relations extérieures, dans son administration, dans sa législation ; et vous verrez, je crois, que la comparaison dont je parle, et à laquelle je ne voudrais pas attacher une importance puérile, je fais assez peu de cas des comparaisons historiques, vous verrez, dis-je, que cette comparaison a un fond réel, et que je suis en droit de m’en servir.

Parlons d’abord des guerres de Louis XIV. Les guerres de l’Europe ont été dans l’origine, vous le savez, et j’ai eu plusieurs fois l’occasion de le rappeler, les guerres, dis-je, ont été de grands mouvements de peuples ; poussées par le besoin, la fantaisie ou toute autre cause, des populations entières, tantôt nombreuses, tantôt de simples bandes, se transportaient d’un territoire dans un autre. C’est là le caractère général des guerres européennes jusqu’après les croisades à la fin du treizième siècle.

Alors commence un autre genre de guerres très différentes des guerres modernes : ce sont des guerres lointaines, entreprises non plus par les peuples, mais par les gouvernements qui vont, à la tête