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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/404

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de leurs armées, chercher au loin des États et des aventures. Ils quittent leur pays, ils abandonnent leur propre territoire, et s’enfoncent, les uns en Allemagne, les autres en Italie, d’autres en Afrique, sans autres motifs que leur fantaisie personnelle. Presque toutes les guerres du quinzième et même d’une partie du seizième siècle sont de cette nature. Quel intérêt, et je ne parle pas d’un intérêt légitime, mais quel motif seulement avait la France à ce que Charles VIII possédât le royaume de Naples ? Evidemment c’était une guerre qui n’était dictée par aucune considération politique ; le roi croyait avoir des droits personnels sur le royaume de Naples, et dans un but personnel, pour satisfaire son désir personnel, il allait entreprendre la conquête d’un pays éloigné, qui ne s’adaptait nullement aux convenances territoriales de son royaume, qui ne faisait au contraire que compromettre au dehors sa force, au dedans son repos. Il en est de même de l’expédition de Charles-Quint en Afrique. La dernière guerre de ce genre est l’expédition de Charles XII contre la Russie. Les guerres de Louis XIV n’ont point eu ce caractère ; ce sont les guerres d’un gouvernement régulier, fixé au centre de ses États, travaillant à conquérir autour de lui, à étendre ou à consolider son territoire ; en un mot, des guerres politiques. Elles peuvent être justes ou injustes, elles peuvent avoir coûté trop cher à la France ; il y a mille considérations à développer contre leur moralité ou leur excès ; mais en fait elles portent un caractère incomparablement plus rationnel que les guerres antérieures ; ce ne sont plus des fantaisies ni des aventures ;