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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/74

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de la Providence ; elle marche selon les voies de Dieu. C’est le principe rationnel de sa supériorité.

Je désire, Messieurs, que ce caractère fondamental, distinctif, de la civilisation européenne, demeure présent à votre esprit, dans le cours de nos travaux. Je ne puis aujourd’hui que l’affirmer. Quant à la preuve, c’est le développement des faits qui doit la fournir. Ce serait déjà, cependant, vous en conviendrez, une grande confirmation de mon assertion, si nous trouvions, dans le berceau même de notre civilisation, les causes et les éléments du caractère que je viens de lui attribuer ; si, au moment où elle a commencé à naître, au moment de la chute de l’Empire romain, nous reconnaissions, dans l’état du monde, dans les faits qui, dès ses premiers jours, ont concouru à former la civilisation européenne, le principe de cette diversité agitée, mais féconde, qui la distingue. Je vais tenter avec vous cette recherche. Je vais examiner l’état de l’Europe, à la chute de l’Empire romain, et rechercher, soit dans les institutions, soit dans les croyances, les idées, les sentiments, quels étaient les éléments que le monde ancien léguait au monde moderne. Si dans ces éléments, nous voyons déjà empreint le caractère que je viens de décrire, il aura acquis pour vous, dès aujourd’hui, un degré de probabilité.

Il faut d’abord se bien représenter ce qu’était l’Empire romain, et comment il s’est formé.

Rome n’était, dans son origine, qu’une municipalité, une commune. Le gouvernement romain n’a été que l’ensemble des institutions qui conviennent à une population renfermée dans l’intérieur d’une