Aller au contenu

Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ville ; ce sont des institutions municipales : c’est là leur caractère distinctif.

Cela n’était pas particulier à Rome : quand on regarde en Italie, à cette époque, autour de Rome, on ne trouve que des villes. Ce qu’on appelait alors des peuples, n’était que des confédérations de villes. Le peuple latin est une confédération de villes latines. Les Étrusques, les Samnites, les Sabins, les peuples de la grande Grèce, sont tous dans le même état.

Il n’y avait, à cette époque, point de campagnes ; c’est-à-dire les campagnes ne ressemblaient nullement à ce qui existe aujourd’hui ; elles étaient cultivées ; il le fallait bien ; elles n’étaient pas peuplées. Les propriétaires des campagnes étaient les habitants des villes ; ils sortaient pour veiller à leurs propriétés rurales ; ils y entretenaient souvent un certain nombre d’esclaves ; mais, ce que nous appelons aujourd’hui les campagnes, cette population éparse, tantôt dans des habitations isolées, tantôt dans des villages, et qui couvre partout le sol, était un fait presque inconnu à l’ancienne Italie.

Quand Rome s’est étendue, qu’a-t-elle fait ? Suivez son histoire, vous verrez qu’elle a conquis ou fondé des villes ; c’est contre des villes qu’elle lutte, avec des villes qu’elle contracte ; c’est dans des villes qu’elle envoie des colonies. L’histoire de la conquête du monde par Rome, c’est l’histoire de la conquête et de la fondation d’un grand nombre de cités. Dans l’Orient, l’extension de la domination romaine ne porte pas tout-à-fait ce caractère : la population y était autrement distribuée qu’en Occident ; soumise à un régime social différent, elle était beaucoup