Page:Gustave Flaubert - Œuvres de jeunesse, III.djvu/204

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M. Renaud, d’un air poli. — Monsieur !

M. Gosselin, élevant la voix, d’un air encore plus digne. — Monsieur !

M. Renaud, étonné. — Monsieur !

M. Gosselin, éclatant. — Eh bien, monsieur !!

M. Renaud. — Eh bien, monsieur, que me voulez-vous ?

M. Gosselin. — Je viens voir mon fils, monsieur, je veux le voir, je voudrais savoir ou il est.

M. Renaud. — Il est parti de ma maison depuis samedi dernier, je vous jure que je ne sais pas du tout où il peut être.

Mme Gosselin. — Comment, monsieur, on vous l’a confié et vous ne savez pas…

M. Gosselin, à son épouse, la calmant. — Tais-toi, bonne amie, tais-toi, laisse-moi parler. (À M. Renaud.) Si vous ne savez pas où il est, vous savez toujours avec qui il est…

Mme Gosselin, vivement. — Oui, il n’est pas parti seul.

M. Renaud. — Que voulez-vous que je vous dise ? est-ce ma faute, à moi ? Je ne pense pas…

Morel. — Vous devez en répondre, cependant.

M. Renaud. — Mais, mon ami…

Morel. — Ah ! tant pis pour vous, on est en droit de vous poursuivre, c’est un mineur.

Le père Renaud. — Comment me poursuivre ! mais de quoi ? qu’ai-je fait ? que vouliez-vous que j’y fasse ? est-ce que je savais tout cela ? pouvais-je m’en douter ?

M. Gosselin, brutalement. — On doit toujours s’en douter !

Le père Renaud, inquiet sur les résultats de cette aventure et craignant qu’elle ne nuise à son établissement. — De grâce ! parlez plus bas, je vous en supplie ! on peut vous entendre, monsieur.

M. Gosselin. — Qu’on m’entende, si on veut…