Page:Gustave Flaubert - La Tentation de Saint-Antoine.djvu/129

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

les ailes étaient confondus, et que des yeux sans tête flottaient comme des mollusques, parmi des taureaux à face humaine et des serpents à pattes de chien.

Sur l’ensemble de ces êtres, Omorôca, pliée comme un cerceau, étendait son corps de femme. Mais Bélus la coupa net en deux moitiés, fit la terre avec l’une, le ciel avec l’autre ; et les deux mondes pareils se contemplent mutuellement.

Moi, la première conscience du Chaos, j’ai surgi de l’abîme pour durcir la matière, pour régler les formes ; et j’ai appris aux humains la pêche, les semailles, l’écriture et l’histoire des dieux.

Depuis lors, je vis dans les étangs qui restent du Déluge. Mais le désert s’agrandit autour d’eux, le vent y jette du sable, le soleil les dévore ; — et je meurs sur ma couche de limon, en regardant les étoiles à travers l’eau. J’y retourne.

Il saute, et disparaît dans le Nil.
hilarion.

C’est un ancien dieu des Chaldéens !

antoine
ironiquement :

Qu’étaient donc ceux de Babylone ?

hilarion.

Tu peux les voir !

Et ils se trouvent sur la plate-forme d’une tour quadrangulaire dominant six autres tours qui, plus étroites