Page:Gustave Flaubert - La Tentation de Saint-Antoine.djvu/283

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Il faudrait connaître ce que vous désirez connaître… Quant à partir, la charité exigerait…

antoine.

Excusez-moi, j’ai la tête si troublée !… mais je reçois depuis quelque temps des visites si étranges !… Mais que vous faut-il ? Tenez, asseyez-vous là, reposez-vous.

Damis s’assoit sur le banc qui est devant la cellule.

Et votre maître qui reste debout ?

damis
souriant.

Pour lui, oh ! il n’a besoin de rien, c’est un sage, préoccupé de pensées sublimes, et qui ne prend pas garde aux choses d’ici-bas ; mais moi, bon ermite, je vous demanderai un peu d’eau, car je suis exténué de soif.

Antoine va chercher une cruche dans sa cellule, et la levant lui-même, offre à boire à Damis.
Peu à peu la fumée disparaît.
damis
après avoir bu.

Pouah ! qu’elle est mauvaise ! vous devriez bien dans la journée l’enfermer sous de la verdure, elle serait plus fraîche le soir.

antoine.

C’est qu’il n’y a pas un seul brin d’herbe dans les environs, seigneur.

damis.

Ah !… N’auriez-vous rien, dites-moi, à mettre sous la dent ? car j’ai grand’faim.

antoine.

Si ! j’ai encore du pain pour trois jours.

Il va dans sa cellule et en rapporte un morceau de pain noir desséché. Damis l’examine, fait la grimace, puis
damis
mordant à même le pain.

Qu’il est dur !