Si j’avais, pour palper, des mains sur tout mon corps ! si j’avais, pour baiser, des lèvres au bout des doigts !
Qu’as-tu ? tu chancelles ? tu pâlis ?
Non !
Oui ! Ce n’est rien, n’y prenez garde.
Tu vas tomber… on dirait que tu souffres.
Je n’ai rien, vous dis-je ! laissez-moi !… Non… Que me manque-t-il ? je suis saine, robuste, heureuse, forte, grande.
Moi, me plaindre ! Me plaindre !
Doucement là ! là ! ne criez pas si fort ! ce besoin qui vous opprime n’est que l’essence du mal enfermé en vos natures et qui essaie à monter toujours plus haut pour devenir plus grand. Ah ! je me reconnais bien là ! vous avez de mon sang, filles de ma souffrance !
Je suis le prince des Cupidités du monde ; vous, vous êtes les Cupidités du monde, qui l’attirez à moi, et me le placez dans les mains ; mais vos divergences me gênent, car au milieu de forces contraires l’âme tiraillée reste immobile sans tomber d’aucun côté. Travaillez toutes ensemble, aidez-vous plutôt, cachez-vous