Cependant j’étais déchirée de tristesse à toujours produire pour une irrassasiable destruction, et je rêvais à part moi comment faire pour duper ton appétit. Ah ! j’ai ri dans ma tristesse quand je t’ai vu avaler la pierre emmaillotée, tandis que, au bruit des boucliers des dactyles, le dieu caché dans les roseaux pressait déjà de ses doigts forts la mamelle des brebis. Mais tu ne t’apercevais de rien ! Tu mangeais tout !
Ah ! retournons dans l’Érèbe, ô ma vieille épouse ! le temps est passé des joies de l’esclave, et l’on ne déliera plus mes cordons de laine !
Plus rien ! pas une goutte ! j’ai tout vidé !
Quand l’ambroisie défaille, les dieux s’éteignent, c’est donc à moi maintenant de mourir comme un sage.
Père des dieux, des rois et des hommes, je gouvernais l’éther, les intelligences et les empires ; au froncement de mes sourcils le ciel tremblait, je lançais la foudre ; je faisais tomber les pluies.
Parmi tous les dieux, sur un trône d’or, au haut de l’Olympe, assis, et d’un œil ouvert surveillant toutes les choses, je regardais passer les pieds réguliers des Heures, filles à la taille égale, que le Plaisir et la Peine rendent pour les mortels si longues ou si petites, Apollon qui courait dans son char, radieux et secouant au vent des planètes sa chevelure bouclée, les fleuves sur le coude épanchant leurs urnes, Vulcain battant ses métaux, Cérès sciant ses blés, et Poséidon tumultueux, qui de son manteau bleu bordé d’argent entourait la Terre retentissante.
Du fond des vallons, les nuages s’élevant apportaient jusqu’à moi le parfum gras des sacrifices ; avec le chant des hymnes, la fumée montait dans le feuillage du laurier, et la poitrine du prêtre, se dilatant au rythme, exhalait grande ouverte la placide harmonie du peuple des Hellènes. Un soleil chaud brillait