Le toit de la maison s’est écroulé, la pluie a tombé sur vos épaules, vous êtes pourris comme de vieilles bûches et vous avez perdu pour toujours les fers de l’affranchi, la balle d’or de l’enfant, la pièce de monnaie de la mariée. Plus de valets soumis ! plus de fils respectueux, plus de pères puissants, plus de libations ni de longues gamelles ! Plus de matrones silencieuses qui vivaient assises à leur logis, ne buvaient pas de vin et filaient de leurs doigts chastes la tunique de leurs maris. L’hôte a perdu sa foi, les ancêtres sont oubliés, et le grillon dans les cendres pleure seul sur le souvenir éteint des religions domestiques.
Mourez donc à votre tour ! qu’il n’en soit plus question ! filez avec les autres.
Moi aussi l’on m’honora jadis, on me faisait des libations, je fus un dieu !
J’étais pour le Grec un présage de bonheur, tandis que le Romain dévot me maudissait les poings crispés, et que le prêtre d’Égypte, s’abstenant de fèves, tremblait à ma voix et pâlissait à mon odeur.
Quand le vinaigre militaire coulait sur les barbes non rasées, que l’on se régalait de glands, de ciboules et d’oignons crus, et que le bouc en morceaux cuisait à gros bouillons dans le beurre rance des pasteurs, assis ensemble autour du feu, sans souci du voisin, personne alors ne se gênait ; les nourritures solides faisaient les digestions sonores ; en plein soleil les hommes d’autrefois se soulageaient avec lenteur, et s’essuyaient ensuite à la feuille large des figuiers.
Légitime par moi-même, ainsi je passais sans scandale avec tous les autres besoins de la vie, avec Mena tourment des vierges, avec la déesse Carnienne et la douce Rumina, qui protège le sein de la nourrice gonflé de veines bleuâtres.
J’étais joyeux, inévitablement je faisais rire, j’arrivais tout à coup, j’éclatais, comme un tonnerre, je me suivais en cascade, en déchirement, en roulement, en battement ; l’écho des voix