N O T E S.
ORIGINE
de
LA TENTATION DE SAINT ANTOINE
La Tentation de saint Antoine fut le souci constant de Gustave
Flaubert. Ce livre emplit vingt-cinq années de son existence
et reste pour l’histoire de sa vie littéraire le plus important et
le plus curieux, car il est la cause d’une manière nouvelle qu’il
s’imposa, et à laquelle nous devons Madame Bovary.
En 1845, à l’occasion du mariage de Caroline Flaubert avec M. Hamard, la famille Flaubert décida d’accompagner les jeunes mariés en Italie. À Gênes, Flaubert, visitant le palais Balbi, écrit à Ernest Chevalier :
« J’ai vu un tableau de Breughel représentant la Tentation de saint Antoine, qui m’a fait penser à arranger pour le théâtre la Tentation de saint Antoine, mais cela demanderait un autre gaillard que moi. Je donnerais bien toute la collection du Moniteur, si je l’avais, et 100,000 francs avec pour acheter ce tableau là. » (Voir Correspondance, I, p. 162 et Notes de voyages, I, p. 36.)
Sur son carnet de voyage il décrit le tableau, et en août 1846 il achète la gravure de la Tentation de saint Antoine interprétée par Callot. Dès cette époque, la Tentation est une obsession, il en prépare la longue documentation, justifiée par la quantité d’extraits d’histoire des religions que nous avons trouvés réunis dans ses cartons. « Je lis et écris dix heures par jour », annonce-t-il à Ernest Chevalier. Il traduit aussi Shakespeare, lit Rabelais, écrit la Découverte de la vaccine (voir Œuvres de jeunesse, III). Mais en 1846, il perd sa sœur, Mme Hamard, et son père ; la même année, il rencontre Louise Colet chez Pradier, au mois d’août il lui écrit :
« Aujourd’hui je n’ai rien fait. Pas une ligne d’écrite — ou de lue. — J’ai déballé ma Tentation de saint Antoine et je l’ai accro-