Page:Gustave Moynier - Etude sur la convention de Genève pour l'amélioration du sort des militaires blessés dans les armées en campagne (1864 et 1868).djvu/371

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
357
APPENDICE.

grandes encore à décrire : celles des simples soldats gardés à Belle-Ile.

Belle-Ile est une petite île de James-River ; on la voit des fenêtres de Libby. Le terrain consacré aux prisonniers a de trois à six acres d’étendue ; il est bas, sablonneux, aride ; pas un arbre ne le protège contre les rayons brûlants du soleil du midi. Un terrassement d’un mètre de hauteur (trois pieds), avec un fossé des deux côtés, en forme l’enceinte. Sur le bord extérieur du fossé, des sentinelles, placées de quarante en quarante pas, font le guet nuit et jour. À l’intérieur, quelques tentes pourries, déchirées, pleines de trous : pauvre abri pour les dix ou douze mille hommes parqués derrière ces murs de terre ; chacun d’eux peut disposer de sept pieds sur deux, au plus de neuf sur trois. Dans ce pays de forêts, il eût été si facile de construire quelques cabanes ou quelques hangars : on ne fit rien.

Qu’on essaye maintenant de se figurer, en été par un soleil ardent, plus tard par les pluies torrentielles ou les vents perçants de l’hiver, des malheureux n’ayant ni couverture, ni manteau, souvent même point de chaussure et point de chapeau. L’hiver arriva, l’un des plus rigoureux qu’on eût éprouvés depuis longtemps dans