Page:Guy de Maupassant - Notre Cœur.djvu/145

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s’empêcher de parler d’elle à tout le monde, ce dont on jasait déjà.

Au moment où il présentait Mariolle, le regard de Mme  de Burne tomba sur lui de l’autre bout du salon, et il sourit, en murmurant à l’oreille de son ami :

— Regardez donc la Souveraine d’ici qui n’est pas contente.

André leva les yeux ; mais Mme  de Burne se retournait vers Massival, apparu sous la portière soulevée.

Il fut suivi presque immédiatement par la marquise de Bratiane ; ce qui fit dire à Lamarthe :

— Tiens ! nous n’aurons qu’une seconde audition de Didon ; la première a dû avoir lieu dans le coupé de la marquise.

Mme  de Frémines ajouta :

— La collection de notre amie de Burne perd vraiment ses plus beaux joyaux.

Une colère, une sorte de haine contre cette femme, s’éveilla brusquement au cœur de Mariolle, et une irritation subite contre tout ce monde, contre la vie de ces gens, leurs idées, leurs goûts, leurs penchants futiles, leurs amusements de pantins. Alors, profitant de ce que Lamarthe s’était penché pour parler bas à la jeune femme, il tourna le dos et s’éloigna.

La belle Mme Le Prieur se trouvait seule, à quelques pas devant lui. Il alla la saluer. D’après Lamarthe, celle-là représentait l’ancien jeu dans ce milieu d’avant-garde. Jeune, grande, jolie, avec des