non plus que bien des fils ressembleront à leur mère : la valeur morale et intellectuelle de cette dernière n’est donc pas sans importance dans le développement de leur caractère. De toutes ces considérations, il ressort qu’il ne saurait être question d’enrayer le mouvement de l’éducation intellectuelle chez les jeunes filles, mais simplement de le réformer et de le diriger. Nous avons mis nos filles comme nos garçons au régime du travail à outrance sans nous préoccuper de subvenir à la dépense de forces que nécessite un effort continu : c’est s’embarquer pour les mers lointaines sans avoir rien prévu. Une mauvaise hygiène est de règle à pou près partout, mais, dans les classes moyennes de notre société, où précisément les jeunes filles sont portées à travailler le plus sérieusement (car il s’agit peut-être d’un gagne-pain pour elles), on en ignore les premiers éléments. De là épuisement systématique des enfants, garçons et filles, qui ont à subvenir au double développement du corps et de l’esprit. Or le remède ici est simple. Nul n’est plus scrupuleux qu’une femme dans l’exacte observance des règles qui lui ont été présentées comme absolues. Enseignez-lui l’hygiène de même que vous lui enseignez à tenir une maison, et vous la verrez s’opposer à toute infraction à l’hygiène, comme à l’envahissement de la poussière sur les meubles. Donner aux fillettes tous les moyens possibles de retrouver d’un côté ce qu’elles perdent de l’autre — bonne nourriture, exercices variés au grand air, long sommeil, — sera déjà énorme, car c’est une loi naturelle que toute force dépensée ne demande qu’à se réparer chez les individus bien portants. Dans l’organisation actuelle de l’enseignement, le côté moralisateur des examens, tant pour les filles que pour les garçons, c’est qu’ils assignent un but au travail des jeunes gens, accoutument ces derniers à l’effort et à l’effort continu : il leur faut vouloir enfin et persévérer, et cela seul crée une supériorité pour ceux qui s’en montrent capables. Seulement, il faut convenir que le résultat total
qui existe au monde. Il n’est aucun de nous qui ne préférât, pour passer la vie avec elle, une servante à une femme savante. Plantez un jeune arbre au milieu d’une épaisse forêt, privé d’air et de soleil par ses voisins, ses feuilles seront étiolées, il prendra une forme élancée et ridicule qui n’est pas celle de la nature. Il faut planter à la fois toute la forêt. Quelle est la femme qui s’enorgueillit de savoir lire ? »