CHAPITRE CINQUIÈME
d’y échapper.
I. — L’idéalisme et le réalisme. — Qu’il y a plusieurs esthétiques et comment on peut les ramener à l’unité. — Faux idéalisme et faux réalisme. — Rôle des laideurs et des dissonances dans l’art. — Le conventionnel dans la société et dans l’art.
II. — Distinction du réalisme et du trivialisme. — Écueil à éviter.
III. — Moyens d’échapper au trivial. — Recul des événements dans le passé. — Esthétique du souvenir. — L’historique. — L’antique.
IV. — Déplacement dans l’espace et invention des milieux. — Effets sur l’imagination du déplacement des objets dans l’espace. — Le sentiment de la nature et le pittoresque.
V. — La description et l’animation sympathique de la nature. — Règles et exemples de la description sympathique. — De l’abus des descriptions.
I
L’IDÉALISME ET LE RÉALISME
I. Il y a une analogie entre les principes variables de la morale, qui suivent les transformations mêmes de la société, et les principes également variables de l’esthétique. Point de croyance humaine à laquelle ne corresponde une conception particulière de la vie ; point de conception particulière de la vie à laquelle ne corresponde une forme particulière de l’art. L’esthétique est ainsi dominée et dirigée, et souvent plus que la conduite, par les croyances morales, sociales, religieuses — car le style, comme l’accent de la voix, est plus spontané que l’action. Les croyances ne sont elles-mêmes, le plus souvent, que des formes multiples de l’espérance en une amélioration de la vie individuelle et sociale, ou en une autre vie meilleure dans un autre monde ; et comment reprocher à l’espérance d’avoir des formes variées, d’être habile à se transformer sans cesse elle-même, entraînant dans