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RÉGION DU NORD-OUEST.

aux petits gamays du Beaujolais ; il convient surtout aux meuniers, aux rieslings, aux traminers, aux pineaux gris, aux verts-dorés et aux morillons noirs et blancs, toutes espèces fines et demi-fines, très-précoces dans leur maturité.

Pourquoi donc cet abandon de la vigne sur le littoral sud de la Bretagne, où tout démontre qu’elle pourrait prospérer, surtout lorsque la main-d’œuvre de l’homme est payée 1 franc et celle de la femme 75 centimes par jour ?

Cet abandon est dû aux mêmes causes de dépréciation de l’agriculture nationale en général, et de la viticulture en particulier, au profit des spéculations agricoles à l’anglaise et à l’américaine.

Mais ces spéculations, que sir Walter Scott stigmatise si finement dans son personnage de Triptolème, auront bientôt fini leur temps, et le Morbihan reprendra alors ses essais viticoles et y trouvera une nouvelle source de richesse et de prospérité.

Rien, du reste, n’est plus simple que le mode de viticulture traditionnel du canton de Sarzeau.

Les vignes sont plantées et maintenues en lignes, sans échalas, à 1m,30 les unes des autres, tandis que les ceps sont à 60 ou 80 centimètres dans les lignes. Les plants sont des sarments enracinés par un, deux ou trois ans de pépinière. Tous sont plantés droits, et la vigne est garnie de suite de tous ses plants. On ne provigne point, si ce n’est pour remplacer les ceps morts, malheureusement indéfiniment. À la deuxième année, on recèpe les plants et on taille deux, trois ou quatre crochets à deux yeux sur les sarments sortis autour du petit cep recepé. Ces crochets