Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/145

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Quelle est donc l’organisation de cette société dans laquelle il faut que le hasard fasse presque tout, même pour les hommes les plus puissants. Ces exemples ne sont-ils pas sa condamnation la plus terrible ? Voilà des hommes qui ont passé dans le monde laissant après eux un sillon lumineux ; et si un jour une circonstance toute fortuite n’était pas venue les arracher de l’obscurité où ils étaient, ils y seraient restés toute leur vie.

Dans une société bien organisée, doit-il donc y avoir de ces hasards ?

Mais remarquez bien que je ne demande pas que l’intervention de l’État les prévienne : j’ai horreur de cette intervention ; c’est le despotisme.

Ce que je demande, c’est que l’éducation librement et largement départie à tous aille chercher jusque dans le fond des campagnes les diverses aptitudes, les révèle à ceux qui les ont et qui souvent, faute de lumière pour voir clair en eux-mêmes, ne les aperçoivent pas ; c’est que l’association, établissant de nombreux rapports et concentrant les études et les facultés de même ordre sur chaque point de la science, permette à chacun de venir trouver tous ses frères en croyance, de chercher en eux, mais au grand jour et en plein soleil, l’assistance que se donnent les francs-maçons entre eux et de diriger ses travaux sur le point où le pousse sa vocation.

Maintenant un utilise tout, depuis l’écaillé d’huître jusqu’aux chiffons ; il n’y a plus de déchets. L’association empêchera aussi de se perdre tant de richesses intellectuelles qui sont les déchets du monde, et de la valeur desquels on commence seulement en ce moment à sentir l’importance.

Allez demander à la Seine combien ses eaux vertes et sombres emportent chaque année de millions de kilogrammes d’engrais à la mer : allez lui demander aussi à combien d’inventeurs elle a servi de linceul , et l’inventeur est l’homme-engrais de la civilisation.