Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/146

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L’association doit s’attacher à provenir ces immenses hécatombes du désespoir, cette immense déperdition de forces qui restent ignorées, impuissantes et inoccupées , parce qu’isolées elles ne peuvent servir à rien ; elles sont comme une machine à vapeur sans eau et sans charbon ; elles se rouillent, elles s’oxydent, elles s’usent par leur inactivité, plus que si elles étaient employées tous les jours ; elles sont dans la société un poids inutile et gênant.

A l’association de leur fournir l’eau et le charbon, de les mettre en mouvement et de leur faire dépenser tout ce qu’elles ont d’énergie et de puissance ; à l’association de les empêcher de se consumer en tant de pas, de démarches, d’efforts isolés et si souvent infructueux, en tant d’études étrangères, éparses, isolées, qu’il faut aller puiser aux sources les plus diverses, en groupant tous les faits de même ordre, toutes les observations qui les relatent, toutes les idées qui les éclairent, tous les hommes qui les connaissent. A l’association de séparer l’inventeur de sa vieille compagne, la misère, en lui prodiguant les ressources dont il a besoin, pour l’arracher aux préoccupations étrangères au but qu’il poursuit, pour lui fournir tous les éléments qui peuvent assurer son succès. Voilà le rôle qu elle doit jouer, rôle immense, comme on le voit. Je ne dirai pas avec M. Taylor : « L’association est le mariage de la Providence avec la liaison. » Mais je dirai, l’association, c’est la suppression du destin, du hasard , de la fatalité, c’est la vie de l’homme devenant mathématique, allant du point A au point B sans détour et sans station ; c’est l’avènement de la certitude.