Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/163

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fait une pointe, un vigoureux effort ; il croit qu’il va tout briser, le filet cède mais ne se déchire pas.

II

L’inventeur produit son œuvre au dehors, il espère que dans un cercle plus large, il ne trouvera pas les mêmes tiraillements ; il pense que, de par le monde, il y a des hommes intelligents qui l’appuieront.

Vain espoir I au loin il trouve la même incrédulité qu’auprès de lui ; partout les sots élèvent la voix contre son œuvre ou, chose pire encore, la dédaignent et l’étouffent sous leur indifférence.

«L’un me raille, l’autre m’injurie ; un troisième m’invite à écrire un poème épique, travail aussi utile que la mise en marche d’une machine ; j’écoute sans répondre. Dieu sait ce qu’il me faut pour persister quand je m’entends appeler fanfaron, charlatan, trompeur, homme avide. » George Stephenson à son fils.

Ces paroles que disait Pascal au dix-septième siècle sont encore profondément vraies :

« Ceux qui sont capables d’inventer sont rares, ceux qui n’inventent point sont en plus grand nombre, et par conséquent les plus forts, et l’on voit que pour l’ordinaire, ils refusent aux inventeurs In gloire qu’ils cherchent et qu’ils méritent par leurs inventions. S’ils s’obstinent à la vouloir et à traiter avec mépris ceux qui n’inventent pas, tout ce qu’ils y gagnent, c’est qu’on leur donne des noms ridicules, et qu’on les traite de visionnaires. »

Il est vrai que quelques hommes se trouvent qui savent l’apprécier et en voient toute la grandeur, tous les avantages. Mais ils sont en si petit nombre qu’osassent-ils parler, ils ne pourraient se faire entendre. Et puis ils ont peur, ils n’osent soutenir trop hautement la nouvelle invention par