Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/178

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échafauds, là des bûchers qui se drossent contre eux. Il faut que le progrès soit arrosé avec du sang.

III

Après les obstacles que la stupidité humaine a dressés devant la nouvelle invention, viennent ceux que suscitent la jalousie, les rivalités, l’amour-propre ou l’intérêt ; ceux qui éprouvent l’un ou l’autre de ces sentiments ne reculent devant aucun moyen pour parvenir à leurs fins. Ici c’est le peuple, la foule, la masse qui ne croit pas à l’utilité des machines, qui se voit menacée par leur emploi de manquer de travail et qui, alors furieuse, aveugle, n’écoutant rien, se rue sur la nouvelle invention et son auteur, brise ses appareils et menace de le tuer lui-même.

Les ouvriers du Lancashire se précipitent en armes contre le premier chemin de fer ; Arkwright est obligé de quitter Preston, parce que le bruit se répand qu’il veut diminuer la main-d’œuvre.

Les ouvriers tournaisiens tentent d’assommer Jouve ; le même préjugé fait briser le métier de Hargreaves ; de même l’invention de Jacquard supprimant deux ou trois hommes par métier , on détruit ses premières machines et sa vie est menacée.

Il faut le dire, à la honte de notre siècle, en 1848 des mariniers, des éclusiers, des conducteurs de voitures incendièrent la station de Saint-Denis, détruisirent le pont du chemin de fer à Asnières, ses bâtiments à Saint-Germain et brûlèrent le pont de Bégame, sur la ligne de Rouen.

Les imprimeurs eux-mêmes brisèrent, il y a quinze ans, les presses mécaniques !

M. Robinson, à Dublin, veut construire une machine à clous, en voyant que la fabrication à la main, seule en usage en Irlande, ne pouvait rivaliser avec la fabrication mécani-