Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/20

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fiscale, il est vrai, amenait quelques perturbations dans l’industrie et était d’une injustice assez flagrante, puisqu’elle dépossédait des gens qui avaient acheté des maîtrises de bonne foi, croyant que le privilège royal était une sûre garantie ; mais tout cela n’était que misères de détail ; en ce bon temps on n’y regardait pas de si près : le Minotaure royal avait faim, il fallait le nourrir.

Aussi fut ce en vain que le tiers état, dans les cahiers si remarquables qu’il présenta aux états généraux de 1614, demanda que « toutes maîtrises de métiers érigées depuis les états tenus dans la ville de Blois, en l’an 1576, fussent éteintes, sans que, par ci-après, elles pussent être remises, ni aucunes autres nouvelles établies ; et fût l’exercice des-dits métiers laissé libre aux pauvres sujets, sans visitation de leurs ouvrages et marchandises par experts et prud’hommes qui à ce seraient commis par les juges de la police. »

C’était demander la liberté du travail. Le cri s’élevait encore trop tôt pour être compris.

Car alors le travail n’était pas regardé comme un droit que l’homme apporte en naissant.

Si l’idée du travail s’était transformée depuis l’antiquité, ce n’était nullement dans l’intérêt individuel ou social ; ce n’était que dans l’intérêt du principe qui dominait tous les autres, du principe monarchique. Le travail, en effet, avait été regardé comme un droit attaché à la royauté, que le roi pouvait vendre, et que ses sujets devaient acheter. Ceux-là donc qui, sans permission, sans privilège ou sans charte, voulaient employer leurs forces étaient coupables, comme ceux qui ne voulaient pas payer la gabelle. Ils por-