Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/209

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Mais tout marche, tout fonctionne : voyons ce qui arrive, laissons un moment de côté l’Académie des sciences, et parlons des jurys ; et comme leur organisation repose sur les mêmes principes que celle de l’Académie, je les cite à l’appui de la thèse que je soutiens.

Dans un concours de musique qui eut lieu à Fontainebleau, et où figurait la grande harmonie de Paris fondée par Sax, le jury était présidé par M. Garafa qui avait été vaincu par l’inventeur, au Champ de Mars 1845. Conséquence naturelle : la grande harmonie que Meyerbeer avait déclaré être la première musique de l’Europe, n’obtint qu’une seconde mention, et la médaille d’or fut donnée à la musique des pompiers de Lille.

Heureux pompiers de Lille ! C’est triste, mais il en est ainsi, et non-seulement pour cela, mais encore pour bien d’autres choses. Aussi comment compose-t-on les jurys ? J’aurais peut-être bien des choses à dire des jurys des expositions des beaux-arts ; mais de ceux-là je ne parle pas. Restons dans notre sujet, ne nous occupons que des choses industrielles. Voyez les commissions agricoles qui sont chargées dans les départements de décerner le prix quinquennal et la coupe d’honneur aux fermes les mieux tenues. Leurs membres sont tous étrangers au pays ; ils ne connaissent pas, ou s’ils le connaissent, c’est vaguement, comme toute chose que l’on apprend dans les livres, ou par ouï dire, mais qu’on n’a ni vue ni pratiquée, les procédés de culture particuliers à la région, les améliorations qui sont le plus à désirer pour le pays, les races qui conviennent particulièrement au sol et aux débouchés, etc. Ils sont forcés de décider sur un examen très-rapide, sans se rendre compte des nécessités locales. Aussi, qu’en résulte-t-il ? C’est que souvent ils donnent la plus mauvaise direction aux cultivateurs de la contrée, en encourageant les choses bonnes en elles-mêmes, mais non appropriées au pays. En Bretagne par exemple, au concours régional de Hennés, j’ai vu le fait suivant : les va-