Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/239

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constater la guérison du facteur, à laquelle ils ne voulaient pas croire. Ces hommes de l’art étaient d’un caractère violent. Ils furent si surpris et on aurait presque dit si désappointés, de trouver Sax vivant et bien vivant, qu’ils s’emportèrent en invectives contre le médecin javanais, crièrent à perdre haleine, et oubliant, ou faisant semblant d’oublier la présence chez lui du maître de la maison, frappèrent à coups de poing sur la table en jurant qu’on n’avait jamais guéri de cancer et qu’on n’en guérirait jamais...

« Quand ils furent partis, Sax, se tournant du côté de Berlioz, lui dit avec le plus grand sang-froid : « Je ne pouvais pourtant pas me laisser mourir pour être agréable aux médecins ! »

Il eut grand tort, vraiment, car tel était le désir de ces Messieurs ; mourir dans les règles, c’est toujours la même histoire, et jamais ils ne pardonnent aux imprudents qui ne veulent pas suivre cette loi, et à leurs confrères qui sont assez hardis et assez forts pour les dispenser de cet acte toujours très-ennuyeux à remplir. Malheur, en effet, à ceux-là qui osent gu rir sans être patentés, ou qui étant patentés, guérissent par d’autres moyens que ceux reconnus et préconisés par la Faculté. Malheur à Raspail pour avoir essayé d’innover et de combattre les erreurs que se plaisent à répandre et à entretenir les chefs de la science. C’est le même cri d’orgueil et de jalousie insensée qu’a poussé la Faculté au dix-septième siècle contre Renaudot, qui retentit encore au milieu du dix-neuvième. Malheur au docteur Vriès qui s’avise d’apporter un remède des Indes et de guérir les cancers, sans avoir recours aux opérations dangereuses, douloureuses et insuffisantes dont on s’est servi jusqu’à ce jour !

On veut bien, il est vrai, après le retentissement causé par la guérison de Sax, donner une petite satisfaction à l’opinion publique. Sax est guéri, la presse le répète ; les médecins le nient en vain : le fait est là ; lutter contre lui