Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/285

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qu’importe pour elle si tel prince est né à une heure cinquante-cinq minutes ou à deux heures dix minutes ? Ce qu’elle cherche, c’est la tradition humaine, le développement parallèle de l’individu et de la société ; ce qu’elle constate, c’est le mouvement social et elle juge l’importance du fait d’après la part d’influence qu’il a eue sur le progrès. Le progrès ! — Ce grand mot créé depuis un siècle seulement et qui explique cette grande chose, existant depuis que le monde est monde, mais niée ou non connue avant que des hommes profondément humains vissent que la seule science digne de l’homme est celle qui s’occupe d’améliorer l’individu et d’amener la société au point où le citoyen jouisse de tous ses droits en satisfaisant tous ses besoins. — Le progrès maintenant est la seule divinité à laquelle les penseurs rendent un culte ; et nous pouvons dire hautement qu’il ne tardera pas à renverser les autels de ces dieux obscurs et mystiques dans l’adoration desquels se consumaient de vigoureux esprits. Aussi arrière maintenant à tous ces gens qui voudraient les rétablir ! arrière à ces savants qui cherchent encore une pierre philosophale quelconque ! ce ne sont pas des hommes.

Le mot est dur, mais il est vrai, ils sont dignes seulement du titre d’homme, ceux-là qui, se serrant les uns contre les autres en rang pressé, forment la légion qui a écrit sur sa bannière le grand mot : « Humanité. » Et ils sont nombreux ceux-là, travailleurs de toutes sortes et à tous les degrés : ouvriers qui n’ont que leurs bras, ouvriers qui n’ont que leur cerveau ; et les idées sont les chaînes qui unissent leur phalange. Mais que dire de ceux-là qui devraient les forger et qui au contraire les dessoudent ; qui se séparent de la masse, s’isolent, s’en écartent avec dédain, en disant aux autres : Vous êtes indignes de combattre avec nous, vous Êtes des vilains dont le cœur ne doit pas battre près du nôtre ; allez seuls et isolés, en avant, armés comme vous