Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/291

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ne doit pas être une satisfaction Égoïste de l’âme qui l’acquiert et s’élève par là au -dessus de la foule ? dès qu’elle n’est point profitable a cette foule, elle est fausse » (G. Flourens) ; — que le savant qui n’est que savant, ne sait que faire de sa science, qu’elle ne peut lui servir à rien ! (Dunoyer.) Mais même quand il veut faire un effort pour la propager, il a tellement l’habitude de la voir sous un point de vue étroit, qu’il ne peut l’élargir. Il continue son système de pédantisme et d’inutilité, et il mérite que M. Texier lui adresse cette boutade : « Vous voulez servir la science ? enfermez-vous dans son sanctuaire et ne travaillez que pour vous, et fermez bien les portes. Vous voulez faire un journal savant ? prenez un titre grec, parlez latin, entourez -vous d’a et de formules algébriques, mais gardez-vous bien d’écrire en français. » Restez donc ce que vous êtes, ô dieux delà science, ne vous humanisez pas ; mais permettez-moi de vous jauger à votre mesure et de ne pas avoir plus de respect pour vous que nous n’en avons pour les fétiches des nègres de Guinée : comme eux, vous n’êtes que des idoles inutiles ; vous ne comprenez pas votre siècle, vous ne vous mêlez pas à la vie de l’humanité, vous ne vous incarnez pas dans votre époque, vous ne vous identifiez pas avec ses besoins et ses aspirations, vous dédaignez vos contemporains et la postérité pour vous plonger dans des spéculations égoïstes, vous vous enfermez dans une sphère d’où ne jaillit nul rayon. Soyez donc livrés au mépris de l’humanité et aux railleries de Rabelais, de Molière et de Voltaire, ces hommes si profondément humains !

VIII

Mais on découvrira plus facilement la quadrature du cercle, le mouvement perpétuel ou la direction des ballons, qu’on ne changera l’esprit de l’Académie.