Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/294

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gligent une chose sur deux. C’est impossible autrement. On ne peut pas courir deux lièvres à la fois, dit sagement le proverbe. Le savant, en endossant l’habit de sénateur, devient un autre homme ; il se métamorphose ; ou bien, s’il n’est que savant, comment peut-il devenir un homme politique ? Pour avoir découvert sa planète, M. Le Verrier sait-il mieux ce qui se passe sur la nôtre ?

Que veut-on que suit un corps se composant de pareils membres, si ce n’est un corps caduque, arriéré, routinier, inintelligent, sans initiative, sans puissance, s’écriant sans cesse : O tempora ! ô mores ! regrettant le passé et haïssant le présent, encore plus l’avenir.

« S’attachant surtout à conserver le dogme scientifique le plus généralement accepté, a dit fort bien M. L. Figuier, les académies ne peuvent représenter l’idée de l’avenir, ni celle du progrès. »

L’Académie n’a-t-elle pas perpétuellement menti à sa devise : Invenit et perfecit ?

Pourquoi donc garder cette borne qui ne peut servir qu’à briser les audacieux qui viendront se heurter témérairement contre elle sans savoir la tourner ? Pourquoi ne pas l’arracher comme on s’est décidé à arracher les vieux calvaires placés dans les carrefours auxquels venaient se heurter les charrettes, mais que la superstition maintenait ?

Apprenons donc à nous passer de l’Académie.

Malheureusement, nous autres Français, nous sommes de véritables plantes parasites : on croirait que nous ne pourrions nous tenir seuls debout ; il faut toujours que nous cherchions un tuteur quelconque sur lequel nous appuyer. Nous manquons de l’esprit d’initiative : nous avons été si longtemps soumis à tous les despotismes que nous nous en sommes fait une habitude ; nous croyons que nous ne pouvons rien faire en dehors du gouvernement ; dès qu’une question se présente, vite, il faut s’adresser à l’état. Ah ! si l’État voulait ! Ah ! si l’État savait ! Ah ! si l’État par-ci, si