Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/315

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trompe la charité publique, tout en remerciant l’inventeur, elle dira : — Quelle bonne dupe !

Et il se trouvera des gens pour dire que cela est juste, que cela est bien !

Mais alors supprimez donc de suite tout salaire, rétablissez l’esclave antique, dites à une classe d’hommes :

— Travaillez pendant que je jouis. Inventez pour satisfaire mes fantaisies.

Quel malheur que les inventions ne se fassent pas sur commande, à la mécanique !

C’est sans doute précisément parce que l’invention est un travail supérieur que vous lui refusez le bénéfice que vous accordez à l’autre.

Mais aux gens qui ne trouvent pas que le travail suffit pour engendrer la propriété, qui veulent qu’il s’y joigne le capital, qui demandent quel capital a l’inventeur, je répondrai par ces paroles de M. Maturse :

« Il y a deux sortes de capital : le capital intellectuel et le capital matériel ; le premier est la force vive, le second la bielle ; l’un est indéfini, créateur : c’est le progrès, l’avenir, la ressource ; l’autre fini, insuffisant : c’est l’instrument de routine, le passé. Les deux sont objet de propriété dont le principe est un absolu. »

Qu’avez-vous maintenant à objecter contre le droit de propriété de l’inventeur, si vous admettez que le travail donne ce droit, que le capital le donne.

Mais on ne convainc pas un sourd ; vous répétez encore, ô bornes qui arrêtez le progrès, que de même que le travail de l’inventeur n’est pas le même que celui de l’ouvrier, le capital intellectuel est entièrement différent du capital en numéraire, et vous prétendez que l’inventeur est une sorte de voleur qui s’empare de forces physiques appartenant à tout le monde et qu’il ne peut s’approprier.

Ici encore je ne vous demande qu’une chose : soyez logiques, poussez votre système jusqu’à ses dernières consé-