Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/316

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quences, ayez le courage de vos principes, et vous arriverez à nier que la propriété foncière soit une propriété, comme vous avez déjà été amenés à nier que le capital et le travail engendrent la propriété.

Vous dites que les forces physiques dont je me sers appartiennent à tout le monde. Très-bien. Ce sont les agents naturels. Voici la définition qu’en donne Say :

« Cette expression agents naturels comprend non-seulement les corps inanimés dont l’action travaille à créer des valeurs, mais encore les lois du monde physique, comme la gravitation qui fait descendre le poids d’une horloge, le magnétisme qui dirige l’aiguille d’une boussole, l’élasticité de l’acier, la pesanteur de l’atmosphère, la chaleur qui se dégage de la combustion, etc. »

Voilà les agents naturels qu’emploie l’inventeur ; voilà ceux dont nous demandons la propriété pour lui quand il les applique ; et si vous la lui refusez, vous devez aussi refuser le droit de propriété au laboureur qui ne fait pas autre chose qu’exploiter des agents naturels, la force végétative du sol, son exposition au soleil, les irrigations que lui donne un fleuve. « Un troupeau de moutons, dit Say, est le résultat non-seulement du soin du maître et du berger, des avances faites pour le nourrir, l’abriter, le tondre, mais il est aussi le résultat de l’action des viscères et des organes de ces animaux dont la nature a fait les frais. »

Vous admettez cependant la propriété de ce troupeau de moutons, et vous me refusez la propriété de mon invention.

Vous dites, messieurs Van Akkersdyck, Coquelin, Webster, Tieleman, Schialoja, Wolowski, Chevalier, Rogier et Piercot, que l’invention est un don de Dieu qui appartient à tout le monde.

Alors dites aussi avec Proudhon :

« Qui a droit de faire payer l’usage du sol, de celte richesse qui n’est pas le fait de l’homme ? A qui est dû le fer-