Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/318

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entourer de plus de sollicitude à double titre : parce qu’elle est débitrice envers l’inventeur qui vient augmenter ses richesses, parce que cette propriété est le moyen mis à la disposition de l’homme de génie d’arriver à la fortune, qu’elle est par suite pour l’industrie la seule forme de société admissible, celle qui laisse arriver dans les positions les plus élevées, les plus capables et les plus dignes ? » Enfin je rappellerai à l’empereur Napoléon III ce que le prince Louis-Napoléon Bonaparte écrivait :

« L’œuvre intellectuelle est une propriété comme une terre, comme une maison ; elle doit jouir des mêmes droits et ne pouvoir être aliénée que pour cause d’utilité publique. »

Ce qui distingue nos adversaires c’est l’illogisme. Eh quoi ! ils admettent toute autre propriété et ils n’admettent pas celle-là ! Eh quoi ! l’homme serait propriétaire de tout, excepté de lui-même, de ses facultés, du fruit de son travail !

Proudhon a publié un ouvrage intitulé les Majorais littéraires, dans lequel il combat de toute sa force ce genre de propriété, et c’est lui qui a dit :

« Mais ce que l’on ne me fera jamais regarder comme juste, c’est que tandis que l’État n’accorde aux brevetés d’invention qu’une jouissance de quatorze ans, il livre à perpétuité la rente du sol. »

C’est sans doute une antinomie ; mais cette phrase sortie de sa bouche n’en prouve pas moins une chose : c’est qu’il regarde les deux propriétés comme liées l’une à l’autre, et que quand il cherche à combattre celle-ci, dans les Majorats littéraires, par tous les moyens possibles il ne se sert que d’un artifice oratoire, et tous, législateurs et propriétaires qui ne voulez pas du communisme et n’êtes pas partisans de cette propriété, vous êtes fatalement amenés à renoncer à vos maisons, à vos terres, à vos rentes, à condamner toute sorte de propriétés, car la propriété industrielle, répétons-nous, est inhérente à tout système social se basant