Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/319

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sur la propriété; le jour où régnera le communisme, détruisez-la; mais en attendant proclamez-la, défendez-la, car elle est vraie, car elle est juste, car elle est l'avenir !

II

Nous venons de reconnaître qu'il fallait nécessairement admettre le droit de propriété de l'inventeur sur son invention, ou qu'il fallait nier que le travail, le capital ou la possession du sol pussent engendrer la propriété.

Maintenant vous venez nous adresser une nouvelle objection ; vous venez dire :

L'inventeur ôte plutôt qu'il ne donne à la société, car il n'est jamais seul inventeur; des difficultés insurmontables se présentent pour rechercher la priorité ; on ne peut jamais dire à coup sûr : Tel homme a inventé telle chose; ils étaient dix, ils étaient vingt, ils étaient mille qui avaient prouvé cela avant lui. II ne fait qu'emprunter à la société, et l'abandon de son invention à la société n'est que le remboursement de cet emprunt. (V. ch. 2.)

Et partant de ce point, vous dites :

« Tant mieux pour celui qui réussit le dernier; mais a-t-il donc plus de droits que ses prédécesseurs ? Pierre, Paul, Jacques, profitant de cette base, auraient tout aussi bien pu faire ce qu'il a fait. Il se prétend propriétaire; erreur : Que nous importe que ce soit lui qui ait fait cette invention ? un autre l'eût sûrement faite ! » (Coquelin.)

« Il n'est devenu inventeur que par accident,» comme dit Vigarosy.

Évidemment c'est incontestable.

S'il n'était pas né, il ne se fût pas trouvé tel jour dans tel endroit, dans telle disposition, pensant à telle chose, ayant lu tel livre; il n'eût rien inventé.

Ceci n'est pas douteux : c'est plus sûr qu'un axiome.