Times is money, qui ne voient pas le mouvement social, qui ne sentent pas le progrès et qui croient que le monde est un marais ; et alors ces grenouilles qui l’habitent, heureuses et calmes, se contentant parfaitement d’un soliveau pour roi, disent aux inventeurs étrangers :
« Si vous ne venez pas chez moi implanter votre œuvre, tant pis pour votre création : elle n’aura pas l’honneur d’être importée parmi nous. » (Duméry.)
Et, se croisant tranquillement les bras, ces gens attendent ; dix ans, vingt ans, trente ans sont perdus, des millions et des millions sont soustraits à la richesse publique ; qu’importe ?
Mais nos adversaires s’écrient : Les voyages d’exploration de nos savants, de nos industriels, de nos marins, doivent nous ouvrir le vaste domaine de l’industrie étrangère ; il n’est pas juste que quelques gens en fassent leur profit en l’exploitant.
Une distinction : Je fais un voyage d’exploration, je suppose, d’histoire naturelle au frais de l’État. Les collections, les notions, les documents tenant à cette branche des connaissances humaines, lui appartiennent évidemment. Mais les études que je fais en dehors du but de mon voyage sont à moi et je peux en faire mon profit à mon retour. A fortiori, si moi, industriel, j’entreprends un voyage à mes frais, si dans ce voyage, par exemple, je découvre dans une hutte de trappeur américain un procédé industriel, un remède, etc., entièrement ignoré dans l’ancien monde, doit-il être ma propriété si je l’importe en France ?
Enfin, les bénéfices que nos marins ou nos savants pourraient retirer de ces importations à leur retour, s’ils avaient la propriété des découvertes industrielles qu’ils auraient pu faire dans le cours de leurs voyages, seraient un puissant moyen d’encouragement qui les engagerait à poursuivre certaines études dont ils ne se préoccupent nullement dans l’état actuel des choses.