Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/335

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hydraulique. Maudslay y ajoute le collier en cuir ambouti et supprime la difficulté contre laquelle tous les efforts de Bramah venaient se briser. Comment celui-ci récompense-t-il l’intelligent ouvrier qui lui a été d’un si grand secours, non-seulement pour cette invention, mais encore pour celle de ses serrures de sûreté ? Je vais vous le dire ; quand, forcé par des charges de famille, Maudslay demande à Bramah de lui augmenter ses appointements qui étaient de trente shillings par semaine, celui-ci lui refuse brutalement cette augmentation.

Vous voyez que ces avantages tant promis par lord Granville consistent tout simplement à retirer les marrons du feu et à les voir croquer par un autre.

Je n’en admire pas moins profondément cette mansuétude du noble lord pour l’inventeur : Ouvrier, tu entends ? aie confiance dans ton patron : regarde-le comme ta providence ; abandonne-toi complètement à lui ; laisse-le jouir de tes droits ; ne crains rien, tu trouveras ta récompense dans ce noble désintéressement, à moins que le jour où tu viendras lui dire : « Je n’ai pas de pain dans le ventre, » il ne te réponde, comme jadis un honnête fabricant de Lyon : « Nous y fourrerons des baïonnettes. » Ces choses-là ne se réfutent pas, en vérité.

Mais, nous dites-vous, la plupart de ces hommes qui ont condamné les patentes, ce sont des hommes pratiques, des fabricants !

Et n’est-ce pas précisément cette qualité qui doit faire accepter avec réserve leur témoignage ? Ce sont des hommes qui exploitent des inventions et ce ne sont pas des inventeurs, ce sont des hommes qui ont intérêt à pouvoir s’emparer d’une invention, sans rien payer ; à pouvoir dépouiller l’inventeur pauvre, sans lui donner aucune redevance. Une idée pareille devait naître chez une aristocratie d’argent comme l’aristocratie anglaise ; ils ont peur, tous ces hommes riches mais sans initiative, de se voir dépasser en fortune