Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/339

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comme le dernier de ses membres, la société est quitte envers lui. »

Fort bien pour ceux qui ont assez de dévouement pour se consacrer à l’humanité par simple amour pour elle. Mais de ce dévouement faut-il faire une loi ?

Eh quoi ! vous appelez libre une association dans laquelle l’inégalité des capacités est injustice ou vol, si elle amène l’inégalité de salaire.

Et vous dites qu’elle est libre cette association : belle liberté en vérité qui m’empêchera, moi homme fort, de gagner plus qu’un homme faible ; qui ordonnera que moi homme de génie, qui apporterai mille ressources à l’association, je ne sois pas traité autrement qu’un idiot, être non-seulement improductif, mais encore à charge à l’association !


Et vous croyez que moi j’aurai assez de dévouement pour ne pas essayer de tirer parti de ma force et de mon génie ! Ce serait trop de désintéressement en vérité. S’il me semble bon de le faire, laissez-moi agir ainsi, à mon gré ; mais ne m’y forcez pas, ou votre association n’est que le plus terrible de tous les esclavages : l’esclavage des énergies !

Mais pourquoi réfuter ainsi ces paroles de Proudhon ; quand lui-même, dans son œuvre la plus fortement pensée et la plus fortement écrite, ayant bien compris Terreur dans laquelle il était tombé, va jusqu’à dire dans sa réfutation des communistes :

« Comment des écrivains à qui la langue économique est familière oublient-ils que supériorité de talents est synonyme de supériorité de besoins ; que, bien loin d’attendre des personnalités vigoureuses quelque chose de plus que du vulgaire, la société doit constamment veiller à ce qu’elles ne reçoivent plus qu’elles ne rendent ?...

« Supposer que le travailleur de haute capacité pourra se contenter en faveur des petits, de moitié de son salaire, fournir gratuitement ses services et produire, comme dit le