Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/360

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ou privilèges donnés aux inventeurs ont une taie, une durée, des cas de nullité et de déchéance prévus par la loi. Nous sommes bien remonté» jusqu’à l’ancien régime pour fabriquer celte loi de 1844 ; mais au lieu de donner les privilèges à tort et à travers, plus au crédit qu’au mérite, plus aux sollicitations qu’au travail, nous les donnons à tous ceux qui ont le moyen de payer la taxe et qui apportent une œuvre nouvelle.

Décidément tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, comme dit l’éternel Pangloss, et nous sommes dans un grand siècle un grand peuple.

Il y a des gens qui viennent nous dire : — Vous voyez les merveilles qu’a faites l’industrie depuis la révolution. Donc le régime actuel est suffisant, il est même bon !

Ces gens me crispent les nerfs ; et ne regardez donc pas, malheureux, ce qu’on a fait ; regardez ce qu’on aurait dû faire. Et alors quand vous verrez quelle immense somme de force a été perdue, vous ne serez plus si optimistes ; vous ne voterez plus en faveur du statu quo ; vous ne ferez plus à l’inventeur une concession ; vous ne lui accorderez plus un privilège, vous lui reconnaîtrez un droit.

Vite ! vite ! crie Victor Hugo.

Qu’il a bien raison de crier ainsi .

Vous est-il arrivé quelquefois, après avoir passé en revue tout ce que devrait, tout ce que pourrait faire l’homme, de jeter un regard sur ce qu’il a fait ?

Et alors en voyant le néant de ses productions, en voyant le temps qu’il perd, les richesses qu’il ne daigne pas ramasser, les forces qu’il n’emploie pas, n’avez-vous pas senti la sueur vous perler sur le front, une sorte de vertige vous saisir ?

Étrange inconséquence des hommes qui ont sans cesse peur des principes, qui ne veulent dire ni blanc ni noir, ni oui ni non ; qui craignent de porter une cocarde, d’afficher une opinion ; qui veulent ménager la chèvre et le chou, les