Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/370

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à être heureux. Oh ! laissez-le donc plutôt libre, agir comme il l’entend, comme son intérêt le commande, comme la faim peut-être l’y force I Quand il s’agit de l’intérêt privé de l’homme, n’y touchez jamais par des règlements ou des mesures vexatoires ; ne veuillez pas faire mieux que la nature, elle est assez forte pour se faire obéir ; laissez donc à l’inventeur sa liberté d’action et abolissez le dernier vestige de l’organisation des maîtrises, corporations et jurandes, si fatales à l’industrie sous l’ancien régime.

« N’achevez donc pas de ruiner l’inventeur, disent Breulier et Desnos-Gardissal, ne lui confisquez pas sa propriété, — et en faveur de qui ? de ce fameux domaine public qui n’a jamais su rien faire revivre de ce qui a été tué avant l’heure. Si l’invention n’est pas parfaite encore, qui donc mieux que l’inventeur pourra s’ingénier à l’améliorer, à vaincre, ou à tourner les obstacles ? — Ce ne sera pas certes tout le monde, le domaine public. « Le public, a dit spirituellement M. Scribe, ne devine jamais que ce qu’on lui dit. » Et le mot est surtout vrai en matière d’invention non encore pratiquée.

Maintenant je vais encore vous répéter les questions que j’ai posées en traitant de la durée du brevet ; combien d’inventions ont pu être exploitées aussitôt après la prise du brevet ? Je ne parle pas des ressorts de crinoline, des boutons en imitation d’écaillé, de la couleur solferino ; je parle des grandes inventions : de la machine à vapeur, du télégraphe électrique. Dites, dites-le donc, est-il possible qu’avec l’organisation sociale actuelle, toutes les entraves qui sont apportées à toutes les idées neuves, l’inventeur d’une grande chose puisse l’exploiter deux ans après la prise de son brevet. Ce cas de nullité frappe donc aussi lui, comme presque tous les articles de la loi, les grandes œuvres et n’oublie que les petites.

En outre, n’y a-t-il pas certaines inventions qui ne peuvent être exploitées qu’avec l’autorisation du gouverne-