Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/374

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pour cet abus de confiance, mais ce sera toi : tu seras privé de ton droit au brevet : ton invention ne t’appartiendra plus.

Que dites-vous de cet article de notre législation sur les brevets ? Ah ! vous tous qui venez sans cesse nous vanter la beauté et la grandeur de notre Gode, vous devriez bien, de temps à autre, le feuilleter et remarquer certains articles de ce genre qui sont non-seulement immoraux et injustes, mais encore le renversement de toute société.

Mais on s’habitue à tout, même aux coups de bâton ; et les articles iniques nous passent devant les yeux sans que nous en tressaillions d’indignation, et nous en voyons l’application sans qu’une clameur s’élève de tous les points du monde pour les honnir. A peine si quelques hommes hardis osent avancer que notre loi pourrait être un peu plus juste.

A la tête de ceux-là je place M. Oscar Comettant, qui garantit ceci dans son remarquable plaidoyer pour Sax en particulier et les inventeurs en général : « M. Adolphe Sax invente le saxophone... M. Sax, avant de prendre un brevet pour le saxophone, avait fait entendre cet instrument devant une commission spéciale, composée de généraux et de compositeurs de musique.

«Quelle imprudence ! n’était-ce pas là une divulgation ? et le crime d’avoir soumis à des compositeurs et à des généraux, réunis en commission, un objet non encore breveté, ne devait-il pas entraîner, pour l’imprudent inventeur, la confiscation de sa propriété ?

« Cet espoir fit battre de joie le cœur des contrefacteurs, qui se jetèrent charitablement sur la divulgation, comme on se précipite sur une unique planche de salut.

« Le moyen était bon ; il s’en fallut de peu qu’il ne réussît.

« Malheureusement pour les contrefacteurs, les experts établirent une distinction qui sauva la propriété de l’inventeur.