Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/394

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lancés sur ses traces, ont arrêté toute discussion fondamentale, et ne se sont préoccupés que des détails d’exécution.

Aussi qu’en est-il résulté ? C’est que, prenant des taupinières pour des montagnes, des coques de noix pour des vaisseaux, parce qu’au lieu de regarder de haut la question, ils l’examinaient au microscope, ils sont arrivés à déclarer qu’il n’y avait rien à faire.

Si, il y a encore quelque chose à faire, comme le dit Jobard. Seulement je n’accuse pas, comme lui, la liberté.

Oui, il y a quelque chose à faire. Mais ce quelque chose n’est pas un retour en arrière vers le despotisme ; ce quelque chose, au contraire, est le dernier effort pour briser les entraves qui nous lient encore et arrêtent la circulation des capitaux et dos produits. Et quand nous aurons ce quelque chose, qui n’est que la reconnaissance à la propriété industrielle, il y aura un certain progrès que nous aurions tort de dédaigner.

Ce que nous voulons, en définitive, le voici : Il faut rendre chacun propriétaire et responsable de ses œuvres, ce qui, appliqué à toutes les branches du travail, revient à demander des lois assurant d’une manière certaine :

« A l’inventeur : — la propriété de son invention, afin qu’il ait selon sa capacité ;

« Au fabricant : — la propriété de sa marque, afin qu’il ait selon son habileté ;

« Au marchand : - la propriété de son estampille, afin qu’il ait selon sa probité ;

« A l’ouvrier : — la propriété de son travail, afin qu’il ait selon sa force et son habileté. » (Ch. Laboulaye.)

Voilà ce qu’il faut ; voilà par quels moyens on empêchera la lutte inique, — à laquelle nous assistons chaque jour tranquilles spectateurs, — « contre le génie, le talent et la probité. » La société doit empêcher que le plus riche écrase le plus savant et le dépouille d’une propriété intellectuelle qu’il a créée.