Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/404

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SARPI.

« Si le vaisseau marche, vous voulez être à Fontanarès ce qu’Améric est à Christophe Colomb.

AVALOROS.

« N’ai-je pas là dans ma poche de quoi payer dix hommes de génie ?

SARPI.

« Comment vous y prendrez- vous ?

AVALOROS.

« L’argent, voilà le grand secret. Avec de l’argent à perdre, on gagne du temps ; avec le temps tout est possible ; on rend à volonté mauvaise une bonne affaire ; et, pendant que les autres en désespèrent, on s’en empare. L’argent, c’est la vie ; l’argent, c’est la satisfaction des besoins et des désirs ; dans un homme de génie il y a toujours un enfant plein de fantaisies, on use l’homme et on se trouve tôt ou tard avec l’enfant, l’enfant sera mon débiteur et l’homme de génie ira en prison. »

L’argent, voilà tout le secret en effet. Malheur à l’homme de génie qui est pauvre !

Elles sont encore profondément vraies les paroles de Quinola : « Un homme pauvre, dit Quinola, qui trouve une bonne idée m’a toujours fait l’effet d’un morceau de pain dans un vivier : chaque poisson vient lui donner un coup de dent. »

La troupe est là hurlante et affamée ; il faut que le cerf succombe. Comme Toussenel a eu raison de le prendre pour symbole de l’inventeur !

Mais, ne l’oublions pas, c’est au peu de durée des brevets qu’il faut surtout s’en prendre des difficultés que l’inventeur trouve à exploiter son œuvre.

« Nul n’oserait assurer, dit Jobard, qu’il n’existe pas des centaines de Watt en possession de découvertes immenses dont ils ne peuvent tirer aucun parti, faute de capitaux, qu’ils trouveraient en abondance, si leurs patentes étaient