Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/408

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éclairé, ami du progrès, nul doute que si son invention a quelque valeur, il ne lui prête son appui et ne lui donne la récompense qu’il mérite.

Je veux bien que le gouvernement ait toutes les qualités possibles et impossibles. Mais voyons un peu ce qu’a produit son intervention jusqu’à ce jour.

Riquet construit un canal avec l’agrément de Colbert ; mais Colbert n’a pas le sou, et nous venons de voir quel moyen l’entrepreneur est obligé d’employer pour se procurer les fonds nécessaires.

Et encore, c’était bien beau ; car les gouvernements, en général, se défient de toute invention et de toute idée nouvelle. Ils sont conservateurs par essence ; ils reposent sur la tradition ; ils sont fatalement ennemis du progrès.

Aussi comprends-je parfaitement la conduite de l’empereur du Japon. Les Américains ayant importé dans son empire une locomotive, des télégraphes électriques, les Japonais se hâtèrent d’appliquer leur prodigieux esprit d’imitation à construire des appareils semblables. Le Commodore Perry y revint trois ans après et demanda ce que toutes ces choses étaient devenues. Elles étaient enfermées et il était défendu de les imiter sous les peines les plus sévères.

De même, en Europe, quand le tabac parut, de nombreux livres furent échangés pour et contre ; mais les gouvernements prudemment commencèrent par le proscrire.

Oberkampf dote la France d’une industrie nouvelle. Immédiatement l’administration lui cherche noise.

Arkwright fait des tissus qui ressemblaient à ceux qui viennent des Indes. Savez-vous de quelle manière on les encouragea ? Les douanes voulurent les imposer.

Et puis, pour obtenir la sympathie des gouvernements, il faut avoir l’échiné souple.

Or, le plus souvent, l’inventeur a encore, outre ses autres défauts, celui « d’avoir une entière incapacité de se