Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/409

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faire valoir autrement que par ses ouvrages, ni de faire sa cour autrement que par son mérite. »

Il ne sait pas être petit chien ; il ne sait pas ramper ; l’intrigue lui répugne ; il aime bien mieux son cabinet que les antichambres ou les salons des ministres et des cours. Ce n’est pas en restant chez soi qu’on fait son chemin. Celui qui ne se vante pas sera toujours réputé pour un imbécile, eût-il découvert le mouvement perpétuel.

Amontons était doux, Amontons était timide. Invité à faire une expérience de son système télégraphique devant le dauphin, il fut gauche, embarrassé ; il perdit la tête ; le prince bâilla, les courtisans bâillèrent, les plaisanteries succédèrent, et Amontons et son système furent trouvés ridicules.

Dom Gauthey présente un télégraphe acoustique ; il est plus heureux : il réussit, il plaît, on l’admire ; c’est un passe-temps, un désennui, une nouvelle merveille à voir, une curiosité.

Pendant huit jours il est le héros de la cour et de la ville. Cependant le roi se trouve trop pauvre pour encourager ses essais. Dom Gauthey en appelle alors à une souscription publique. L’engouement est passé et il ne peut la couvrir. Un autre sujet l’a remplacé : c’est le corsage de mademoiselle une telle, c’est la robe de madame telle, une nouvelle fantaisie de Marie-Antoinette ou une serrure de Louis XVI.

Il avait cependant été bien heureux de faire une expérience devant la cour. Pareille faveur n’est pas accordée à tout le monde ; le plus souvent l’inventeur est condamné, sans être entendu.

Marcel écrit lettres sur lettres au ministre, adresse un mémoire au roi dans lequel il ne lui demande que le transport de sa machine d’Arles à Paris ; et comme il ne recevait nulle réponse, un jour il jeta au feu ses dessins et sa machine, et en mourant il emporta avec lui son secret.