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LES CONTREFACTEURS. 449

j’ai été le plus utile vont, le croiriez-vous, jusqu’à leur faire soutenir que les améliorations, loin de mériter une pareille qualification, ont été très-préjudiciables à la richesse publique. »

Nous connaissons cette manœuvre ; elle est charmante et fort souvent employée.

On nie le bienfait d’une invention ; on dit qu’elle n’existe pas, ou qu’elle est absurde, mauvaise, exécrable.

Puis, faisant comme le bon prédicateur, on se hâte d’en profiter, de la copier, de la contrefaire, de la voler.

Ainsi, tandis que les adversaires de Sax disaient que le saxophone était une chimère, ils l’annonçaient sur leur prospectus.

C’est une curieuse histoire que celle de Sax et des contrefacteurs que M. Oscar Gomettant a trop longuement et trop bien racontée pour que je la recommence ici. Mais je vous renvoie à son intéressant ouvrage, Un inventeur au dix -neuvième siècle, dont j’ai déjà bien souvent parlé.

Sax n’avait pas précisément la longanimité de Jacquard, qui disait chaque fois qu’on lui annonçait que sa machine était contrefaite :

« Tant mieux, qu’on en profite; il me suffit d’avoir rendu des services. »

Aussi l’inventeur de tant d’ingénieux instruments de musique a-t-il passé sa vie en procès.

Je ne suivrai pas ici ces procès, mais j’extrais de l’ouvrage de M. Oscar Gomettant un bien curieux type de contrefacteur, admirablement dessiné :

« Un contrefacteur, dit M. Oscar Gomettant, avait un fils très-doux, très-naïf et rempli des plus excellentes qualités. C’était, en tout point, le contraste frappant de son père. L’aimable jeune homme venait d’atteindre sa vingtième année. Il était fils unique et aurait pu se garnir très-convenablement une paire de sabots avec l’excédant du foin