Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/469

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rard a tenu dans sa main la vie de huit cent mille habitants des Flandres !

Et sur ce, quelques-uns proposent de faire indemniser les ouvriers par l’inventeur ; d’autres voudraient que l’État achetât les machines, les gardât sous verre, comme des objets de curiosité, servant à montrer la puissance de l’homme et qu’il en prohibât l’usage jusqu’à ce que tout fût préparé pour les recevoir.

Oui, en plein dix-neuvième siècle, en l’an de grâce 1866, il y a des gens qui viennent vous dire des billevesées de cette force.

Ils sont plus arriérés qu’Hésiode, en vérité, qui, admirant les cyclopes, disait : « Ils ont la force, l’activité et des machines pour les aider dans leurs travaux. »

Franklin définissait l’homme : « L’animal qui sait se faire des outils. » Et il avait profondément raison. L’homme seul est faible, il n’acquiert de force que par son intelligence qui lui soumet les forces de la nature. Le bâton qu’a pris le premier homme pour résister aux bêtes féroces a été un outil, la pierre qu’il a lancée pour abattre un oiseau qu’il ne pouvait atteindre a été un outil. L’homme s’est servi d’une machine dès le jour où il a été assez intelligent pour comprendre son emploi. Si les adversaires des machines sont logiques, ils doivent désirer la suppression de la truelle, du marteau, du couteau ; ils doivent vouloir que nous labourions la terre avec nos ongles ! « Car les machines, comme Ta dit un ouvrier anglais, c’est tout ce qui, en plus des ongles et des dents, sert à l’homme pour travailler. » Il n’est donc pas besoin de réfuter de telles absurdités ; les conséquences auxquelles les amène leur principe suffisent pour prouver leur nullité.

Il serait, en outre, facile de la réfuter par les faits. Elle fut bien loin de diminuer le nombre des ouvriers, la machine à filer d’Arkwright, puisque dans les dix années (1777-1787) qui suivirent son adoption, le nombre des ou-